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2020-02-14

Podz : «Si je me sens mal, c’est au cinéma que je guéris tout»

Le réalisateur québécois Podz s’est prêté au jeu de l’entrevue cinéphile, à l'occasion de la sortie de son 6e long-métrage, Mafia Inc.  

 

Évidemment, on est obligé de vous demander : quels sont vos films de mafia ou de gangsters préférés? 

 

Rocco et ses frères de Luchino Visconti et Le Parrain 1e partie et 2e partie de Francis Ford Coppola. Les Parrains, je les ai revus dernièrement et je suis toujours aussi impressionné par la passion viscérale qu’il y a là-dedans. Coppola prend son temps pour raconter l’histoire, il n’est pas pressé, je trouve ça passionnant.

 

Est-ce que vous aviez certaines de ces influences en tête au moment du tournage, que ce soit pour en tirer de l’inspiration ou au contraire vous en éloigner?

 

Très tôt dans le processus j’ai regardé Le Parrainmais il m'est impossible de me mesurer à ces grands maîtres. Je savais que si j’avais besoin de m’y référer, j’avais la possibilité de le faire, mais je me suis surtout concentré sur le scénario que j’avais en main et le jeu des acteurs.   

 

Quelle est la meilleure façon de filmer la violence au cinéma selon vous? 

 

Je dirais que c’est de la façon la plus simple possible, la plus frontale. Le rendu ne doit pas être glamour mais plutôt froid, banal. La violence fait partie de la vie, alors je ne voulais pas la bonifier. 

 

De quelle manière vouliez-vous montrer Montréal dans le film? 

 

Je n’ai jamais senti Montréal au cinéma comme je la connais. J’avais envie de montrer des côtés de la ville qu’on ne voit pas. Habituellement, on voit plutôt le centre-ville, le Vieux-Montréal mais je voulais montrer autre chose : le quartier Saint-Léonard, la vraie rue.  

 

De façon plus générale, quel est l’état actuel de votre cinéphilie? 

 

À un moment donné de ma vie, j’étais très inquiet pour le cinéma. Toutes les personnes que je croisais au travail ne parlaient plus que des séries qu’ils voyaient, et pas des films. Puis sont arrivés des longs-métrages comme Moonlight, Toni Erdmann, ou plus récemment Waves, Les Misérables et La Femme de mon frère, et ces oeuvres m’ont redonné la foi. On sent la passion de filmer dans chacune d’elles. 

 

Quel est votre plus beau souvenir de spectateur en salles?

 

À chaque fois que les lumières s’éteignent, que le rideau s’ouvre, que les logos apparaissent, je ressens la même promesse d’aventure, de réflexion, d’oeuvre d’art. Ça a toujours été mon moment de cinéma préféré et ça le reste encore aujourd’hui. Si je me sens mal, c’est au cinéma que je guéris tout. 

 

Si vous ne pouviez amener que deux classiques sur une île déserte, ce serait lesquels?

 

Jaws de Steven Spielberg et Cris et chuchotements d’Ingmar Bergman. Le premier pour le petit garçon de 11 ans que j’étais et qui trippait dessus. Le deuxième parce que c’est le film de ma vie d’adulte, et avec lequel j’ai compris que le cinéma pouvait porter un message sur la condition humaine. 

 

Un acteur ou une actrice qui vient vous chercher comme cinéaste ou spectateur?

 

Liv Ullmann. Elle a quelque chose d’humain dans son approche qui vient me chercher. Elle a toujours été proche de moi. 

 

Si vous ne deviez conserver qu’un seul film que vous avez réalisé, ce serait lequel? 

 

10 ½ car c’est le film le plus près de qui je suis, de choses que j’ai vécues intimement, même si toutes mes oeuvres reflètent une partie de moi. 

 

Et lequel laisseriez-vous de côté? 

 

Je ne peux pas répondre à cette question. Je trouve que ce serait plate pour les gens qui ont travaillé dessus. 

 

Le débat autour de Netflix et la salle de cinéma, il vous agace ou il vous parle?

 

Netflix est un nouveau joueur. C’est ça le futur et il va falloir apprendre à vivre avec. Il y a des bons aspects : Netflix permet aux créateurs de s’exprimer, aux oeuvres d’être vues. Sans Netflix, un film comme The Irishman ne verrait pas le jour... Mais je dois dire que je continue à préférer l’expérience en salles. 

 

Ce que je trouve dommage avec Netflix c’est que tous les classiques n’y sont pas et disparaissent, la plateforme est en quête de nouveautés. Pourtant, il y a des oeuvres du passé qui méritent d’être vues, comprises, qui ont de l’influence. J’ai parfois l’impression que nos archives disparaissent. 

 

Propos recueillis par Céline Gobert le 12 février 2020.

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