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2020-01-21

3 caractéristiques du cinéma de John Cassavetes

Le cinéma du réalisateur américain peut être (re)découvert ce mois-ci à la Cinémathèque québécoise, le temps d’une rétrospective. Mais qu’est-ce qui constitue son style inimitable? 

1- Ses films sont bruts, viscéraux, plein de spontanéité 

 

Le style «pris sur le vif» est véritablement sa marque de fabrique. Cassavetes, c’est un peu le père du cinéma indépendant américain et un adepte du «cinéma direct». On le dit rebelle, libre, perfectionniste, colérique. Son but? Traduire le réel le mieux possible. 

 

Après des débuts au théâtre et quelques apparitions dans des séries, il tourne en 1959 Shadows avec un petit budget, sorti de sa poche, et des comédiens inconnus. Il a alors 30 ans. Pour cette première expérience derrière la caméra, Cassavetes laisse la part belle à l'improvisation.  

 

À quelques exceptions près (Too late blues en 1961, A child is waiting en 1963 ou Big Trouble, film de commande en 1985), qui resteront pour lui d’immenses déceptions, le réalisateur a évolué en marge de l’industrie hollywoodienne. Mais la bataille entre l’art et l’argent, commune à bien des artistes, le hantera tout au long de sa carrière. 

 

Ainsi, quand Cassavetes ne tourne pas chez Polanski (Rosemary’s baby) ou Aldrich (Les Douze salopards) pour gagner de quoi financer ses films, il prend de grands risques financiers (hypothéquer sa maison, emprunter un million de dollars) ou tente comme il peut de faire des économies (A Woman Under the influence en 1974 est tourné dans la maison familiale du couple John Cassavetes/Gena Rowlands).  

 

2- Il place le jeu de l’acteur au centre de sa démarche

 

Tout particulièrement, celui de sa muse et épouse Gena Rowlands, actrice mythique et incroyablement talentueuse, qui aura trouvé ses rôles les plus marquants dans les films de son mari. Ils se rencontrent en 1954, se marient 4 mois plus tard et restent ensemble, jusqu’à la mort de Cassavetes en 1989. Ils ont trois enfants (Nick, Alexandre et Zoe) tous trois devenus réalisateurs.  

 

L'attachante névrosée Mabel dans A Woman Under the influence et la coriace au grand coeur Gloria (1980) dans le film du même nom sont probablement les meilleurs rôles de Rowlands. Ils lui valent tous deux une nomination aux Oscars. Pour son rôle d’actrice de théâtre torturée dans Opening Night (1977), elle sera récompensée d’un Ours d’argent à Berlin.  

 

D’autres acteurs font partie de la famille Cassavetes : Peter Falk, Seymour Cassel et Ben Gazzara. Chacun des ses amis a eu droit à un rôle magnifique, taillé sur mesure : Moskowitz pour Cassel (Minnie et Moskowitz en 1971), Cosmo Vitelli pour Gazzara (The Killing of a Chinese Bookie en 1976), Nick Longhetti pour Falk (sublime dans A Woman Under the influence). 

 

Cassavetes accorde énormément de liberté à ses acteurs, même s’il réécrit leurs scènes et le scénario constamment. Le cinéaste les veut naturels, dans l’instant, libres. Pour cela, il leur laisse une grande liberté de mouvement, mais exige d’eux une grande sincérité et intensité de jeu, notamment dans leur façon d’utiliser leur corps ou leur gestuelle.  

 

3- Ses personnages sont d’une humanité désarmante

 

Tout le cinéma de Cassavetes tourne autour des relations humaines : l’amitié, l’amour, la famille, le clan. Il filme des gens simples, issus de la classe moyenne, contraints de faire face à des événements complexes comme la folie, le deuil, la solitude. 

 

Cette philosophie humaniste trouve écho non seulement dans sa façon de tourner, avec ses proches et sa famille (il dirige sa mère trois fois, et aussi celle de Gena Rowlands), mais aussi dans sa manière de placer sa caméra très proche des visages, pour mieux scruter les émotions qui traversent ses personnages (surtout dans ses premiers films).  

 

Ses sujets de prédilection ne sont jamais faciles : dérive du couple (Faces), autisme (A Child Is Waiting), mort d’un ami (Husbands en 1970), discrimination raciale (Shadows), folie (A Woman Under the influence), dépression (Love Streams en 1984). Mais une immense humanité se dégage toujours de ses protagonistes. La seule chose qui leur permet, finalement, de survivre dans un monde fou et menaçant. 

 

(Texte Céline Gobert)

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