À 50 ans, l’Américain Noah Baumbach s’est bâti une solide filmographie gorgée de déboires amoureux et familiaux, d’un certain désespoir et d’un amour incontestable pour sa ville natale, New York. Petit tour d’horizon de son cinéma à l’occasion de la sortie de son dernier opus, Marriage Story.
1- Il aime dynamiter le couple et la famille
Quelque 24 années ont passé depuis son premier long-métrage, Kicking and Screaming. Il faudra ensuite attendre 10 ans avant que ne sorte le film qui le révélera au plus grand nombre: Le Calmar et la baleine.
Dès le départ, les personnages de Baumbach laissent entrevoir leur angoisse du futur et un certain cynisme face à la vie et les relations humaines. Les jeunes diplômés de Kicking and Screaming semblent ainsi refuser, comme pétrifiés, de plonger dans la vie «d’adultes». Quant au couple Berkman du Calmar et la baleine, en plein divorce, ils ne peuvent cacher les malaises et tensions qui découlent de l’éclatement de leur famille, dont les membres doivent soudainement faire face à l’incertitude de l’avenir.
Suivront d’autres histoires avec une vision plutôt sombre du couple et de la famille (toujours dysfonctionnelle) : deux soeurs s’entredéchirent dans Margot va au mariage (2007); un quadragénaire dépressif fait face à son passé familial dans Greenberg (2010); un père, artiste et un brin grincheux, entretient des relations complexes avec ses enfants adultes dans The Meyerowitz Stories (2017).
Marriage Story son dernier long métrage, ne déroge pas à la règle et narre la séparation d’un couple, sous deux perspectives.
2- Il a ses acteurs fétiches
Baumbach aime tout particulièrement tourner avec Ben Stiller et Greta Gerwig. Stiller joue dans trois de ses films : Greenberg, While We’re Young et The Meyerowitz Stories. Gerwig, avec qui il est en couple depuis 2011, se retrouve dans Frances Ha (2012) et Mistress America (2015).
Notons qu’il a fait tourner sa précédente épouse, Jennifer Jason Leigh, dans Margot va au mariage et Greenberg.
L’humour noir, l’ironie, la tristesse hantent des personnages désillusionnés, toujours un peu en marge de la «vraie vie», adulescents refusant de grandir et d’affronter ce qui fait mal. Dans While We’re Young, un couple de quadras retrouve une seconde jeunesse auprès d’un couple plus jeune. Chez Baumbach, la vieillesse ne pardonne pas: elle rime avec ennui, regrets, nostalgie, amertume.
Bien d'autres acteurs connus gravitent autour de la planète Baumbach: Adam Driver (While We’re Young et Marriage Story), Adam Sandler et Dustin Hoffman (The Meyerowitz Stories) Nicole Kidman (Margot va au mariage), Naomi Watts (While We’re Young), sans oublier Jeff Daniels et Laura Linney, inoubliables interprètes du couple Berkman dans Le Calmar et la baleine.
Dans son dernier film, Marriage Story, Baumbach tourne pour la première fois avec Scarlett Johansson. L’actrice a confié au Boston Herald que son propre divorce l’avait beaucoup aidée à bâtir son personnage.
3- New-York est son terrain de jeu
Né à Brooklyn, Noah Baumbach est sans conteste fasciné par la ville de New York, dans laquelle se déroulent la plupart de ses films. À l’instar d’un Woody Allen, à qui il emprunte un même ton caustique et une vision parfois déprimante de l’existence, ses personnages s’y débattent, s’y déchirent, tentent d’y survivre.
La «Grosse Pomme» exerce tout particulièrement son influence sur les personnages campés par Greta Gerwig.
Dans Frances Ha, l’un des films les plus populaires de Baumbach, les revenus de la professeure de danse Frances ne lui permettent pas de se loger convenablement. Elle décide alors de se lancer dans l'aventure de la colocation, avec deux garçons rencontrés en soirée. Ironiquement, c’est en s’éloignant de NY, lors d’un voyage à Paris, que Frances trouvera la paix.
Dans Mistress America, Gerwig incarne la pétillante Brooke, qui fera découvrir à sa demi-soeur, confrontée à la solitude urbaine, les dessous et les possibles d’un Manhattan insoupçonné.
En 2017, au Festival de films de New York, Baumbach a déclaré que tourner dans les rues de son enfance était une expérience «chargée de sens» pour lui. «C’est comme avoir une conversation avec l’enfant que j’étais, celui qui voulait faire des films, et qui les aimait tant.»
(Texte de Céline Gobert)
