7 questions cinéphiles à Denis Côté

3 mai 2025
entrevue

Avec Paul, son 16e long métrage en salle le 2 mai, l’inclassable Denis Côté nous entraîne dans le quotidien d’un homme aux prises avec une anxiété sociale qu’il tente de surmonter en explorant l’univers du BDSM.

Quel film vous a donné envie de faire du cinéma ?

À 11 ans, mon père m’a emmené au Cinéma de Paris, qui n’existe plus, sur la rue Sainte-Catherine. Il n’était pas du tout cinéphile, mais il connaissait le nom d’Alfred Hitchcock. On est allé voir The Man Who Knew Too Much. C’était très déclencheur.

Quel documentaire a le plus influencé votre démarche ?

Je dirais Close-Up d’Abbas Kiarostami. C’est un gars qui joue avec un système de caméras cachées, ou pas, que tu ne comprends pas. On est perdu à cause de la langue. On ne sait pas ce qui est préparé et pas préparé. C’est la base de ma recette. C’est ce que je voulais faire au début des années 2000 et [ce genre de films] a mené à Les États nordiques.

Et du côté de la fiction, quel film vous a le plus marqué ?

Au niveau personnel, je dirais que mon film préféré, c’est L’important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski, avec Romy Schneider. J’étais au collège, j’étais une encyclopédie de cinéma d’horreur, et sur le mur, un des profs avait affiché les 100 films que l’on devait avoir vus. Un soir, le directeur photo Steve Asselin et moi, on a loué Teorema de Pasolini et le film de Zulawski qu’on a regardé l’un après l’autre. On n’arrivait plus à parler après. Je pense que c’est entre 18 et 24 ans qu’on voit notre film préféré.

Du côté du cinéma d’horreur, quel film a causé votre éveil pour ce genre ?

Probablement le cinéma de Dario Argento : Suspiria et Tenebre. Argento, ce n’était pas juste quelqu’un qui réalisait des films d’horreur, il faisait quelque chose d’expressionniste, qui ne cherchait pas à être réaliste. Il n’avait pas une grande notion de la logique narrative. Son attention était sur les scènes de meurtre, qui étaient tellement impressionnantes.

Quel film d’horreur serait sous-estimé selon vous ?

Souvent, ce sont des pépites que les gens ne connaissent pas. La première, c’est Messiah of Evil. J’ai découvert ce film durant la pandémie. Il y a une scène incroyable dans un cinéma avec des zombies et une autre dans une épicerie. L’autre, c’est Let’s Scare Jessica to Death. Je trouve que les deux sont dans une espèce de champ gauche de l’histoire. Ce sont surtout des films d’ambiance et d’atmosphère.

À quel film vous associe-t-on le plus souvent ?

C’est tout le temps Curling et Vic + Flo ont vu un ours. On nous associe tout le temps à des films qu’on a réalisés il y a 14-15 ans. Ça frappe parce que vieillir veut dire, comme artiste, rester pertinent.

Quel film proposeriez-vous à Paul ?

Paul est curieux. Je pense qu’il réagirait bien à des thrillers américains, comme Dog Day Afternoon. Je ne proposerais pas à Paul un film sur l’anxiété. Tu ne dis pas à un anxieux de regarder un film sur l’anxiété sociale. Mais d’un autre côté, je ne lui proposerais pas non plus Free Willy.

Crédit photo : Vincent Biron

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