
S’il est synonyme de liberté et de dépaysement, le périple sur les routes, au cinéma, signale aussi souvent l’évolution intérieure de personnages, forcés à l’introspection…
1- Paris, Texas de Wim Wenders (1984)
Après une longue errance, un homme regagne l'affection de son jeune fils, élevé par son frère, puis se met à la recherche de son épouse.
Ce road movie intimiste, co-écrit par Sam Shepard, nous promène des routes arides du désert texan jusqu'à un peep-show déprimant de Houston, en passant par Los Angeles. Chemin faisant, Wim Wenders explore tant la complexité des relations humaines que la quête identitaire, le lien père/fils, le territoire.
Grand amateur de road movie (sa société de production s'appelle Road Movie Filmproduktion, Wenders, a signé plusieurs longs-métrages ficelés autour des thèmes de l’errance et de la quête : Alice dans les villes, Faux mouvement et Jusqu’au bout du monde pour ne citer qu’eux.
Mettant en scène le magnifique couple tragique formé de Harry Dean Stanton et Nastassja Kinski, Paris,Texas déploie de façon unique un style poétique d’une grande beauté. Ce n’est pas pour rien qu’il a décroché la Palme d’Or en 1984 à Cannes… et que Mediafilm lui a attribué la cote (1) - Chef-d'oeuvre.
2- Carnets de voyage de Walter Salles (2004)
En 1952, deux jeunes Argentins partent en moto pour un long périple à travers l'Amérique du Sud.
Ce road movie initiatique et humaniste, sorti en salles en 2004, est en fait basé sur les expériences de jeunesse d'Ernesto Guevara, le légendaire Che. Des plaines de l’Argentine en passant par le Machu Picchu et les rives de l’Amazonie : les paysages grandioses de l’Amérique du Sud y sont magnifiquement photographiés.
Mais, comme toujours, dans les road movie, ce sont les rencontres durant le voyage qui se révèlent essentielles : c’est au contact des paysans chassés de leur terre, des mineurs exploités, des Indiens aux droits bafoués que la conscience politique et sociale du futur leader de la révolution cubaine s’éveille sous nos yeux.
Sept ans plus tard, le réalisateur Walter Salles renouera avec le genre en adaptant le célèbre roman de Jack Kerouac, Sur la route, dans lequel un aspirant écrivain et un ex-détenu traversent les États-Unis.
3- Y Tu MamaTambien d’Alfonso Cuaron (2001)
Deux adolescents obsédés par le sexe et une Espagnole cocufiée partent en voiture à destination d'une plage magnifique.
Trois années avant d’incarner le Che chez Walter Salles, l’acteur Gael Garcia Bernal prenait déjà la route dans ce road trip mexicain signé par Alfonso Cuaron.
Érotique, sensuel et mélancolique, ce voyage sur les côtes paradisiaques du Pacifique offre aux personnages la possibilité de goûter, plus qu’à une liberté presque absolue, mais à une véritable (r)évolution intérieure. C’est l’un des « codes » du road movie : s’émanciper d’une société rigide qui étouffe les folies et les désirs. D’ailleurs, on peut entrevoir sur leur chemin l’image d’un Mexique policier, rempli de laissés-pour-compte.
Notons que la photographie, quant à elle, porte la patte d’Emmanuel Lubezki qui, quelques années plus tard, tournera avec pas moins que Terrence Malick, et un autre Mexicain : Alejandro Gonzalez Inarritu.
4- Wild de Jean-Marc Vallée (2014)
Afin d'exorciser un lourd passé, une jeune femme entreprend de parcourir seule et à pied la Pacific Crest Trail, qui va du Mexique jusqu'au Canada.
Contrairement aux trois autres films précités, cette adaptation sensible du récit autobiographique de Cheryl Strayed suit un voyage à pied et en solitaire qui joue la carte de l’anti-spectaculaire, avec peu de rencontres.
Cette approche, sobre, appliquée à un périple qui s’étend du désert des Mojaves à la frontière entre les états de l’Oregon et de Washington, ne semble avoir pour seule finalité que le courage d’être soi, d’enfin s’aimer.
À travers cet acte en forme de trésor (l’acceptation de soi), la jeune femme de Minneapolis, interprétée par une Reese Witherspoon investie et convaincante, balaye tous les impératifs de perfection de la société nord-américaine. Comme de nombreux héros de road movie, genre par ailleurs depuis ses débuts intrinsèquement lié à la contestation sociale, elle accède ainsi à la liberté intérieure.
5- Thelma et Louise de Ridley Scott (1991)
Après avoir abattu un violeur, une serveuse et une femme au foyer deviennent des fugitives qui s'enfoncent de plus en plus dans le crime.
On le voit ici encore, les personnages ne désirent qu’une chose : être libres! Dans Thelma et Louise, road movie à saveur féministe ponctué de scènes d'action palpitantes, il s’agit qui plus est de se dépêtrer de l’emprise d’hommes toxiques. C’est le film Me Too par excellence, bien avant l’ère Me Too.
Depuis longtemps réservé aux figures masculines, le road movie se féminise ainsi devant la caméra de Ridley Scott, suivant les péripéties de ces deux rebelles sur les routes de l’Ouest.
La scène finale, poignante et mythique, si elle ne permet pas aux deux femmes d’accéder au but ultime (quoique…) immortalise leur solidarité et leur amitié indéfectibles, en plus de trancher avec les dénouement plus conventionnelles prisés par le cinéma hollywoodien.
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