Perfect Days a pris l’affiche le 16 février 2024. 22 semaines plus tard, le magnifique film de Wim Wenders est encore à l’affiche. Un exploit. Analyse de cas avec son distributeur.
Comment expliquer la longévité en salle de Perfect Days ?
Ça paraît un peu simple à dire, mais c’est un bon film avec une très grande force cinématographique et une proposition unique. Ça fait en sorte que le bouche à oreille est très fort. Pour avoir une longévité de vie dans une salle de cinéma, c’est primordial. Il y a aussi «l’effet Cannes». Bien sûr, ce ne sont pas tous les films au palmarès du festival qui vont performer au box-office. [...] Ça fait partie de l’addition, mais ce n’est pas le seul élément.
Est-ce aussi une question de public ? On dit souvent que les personnes plus âgées sont celles qui fréquentent encore les salles. Est-ce elles qu’on doit cibler ?
Oui et non. C’est un public qui est au rendez-vous et qu’il faut considérer. Mais je pense que, de plus en plus, il y a un public plus jeune qui est de retour en salle et qui s’ouvre à ce type de films. Je pense que l’arrivée de distributeurs comme A24 ou Neon n’est pas étrangère à ce renouveau du public. Ils ont réussi à redonner le goût à un certain public de retourner en salle en mettant en place des campagnes de mises en marché très audacieuses. Ils prennent des risques et c’est ce que ce jeune public aime. [...] On le voit avec Longlegs [distribué par Neon aux États-Unis], qui a engrangé 200 000 $ au Québec et 22 millions $ en Amérique du Nord le week-end dernier.
Pourquoi travailler à conserver cet espace en salle pour Perfect Days ? Il aurait été facile de retirer le film, d’autant plus qu’il est disponible en vidéo sur demande.
Les partenaires en vidéo sur demande et les cinémas nous font confiance. Et on fait confiance au public dans le choix du médium à partir duquel il souhaite voir les films. Il y a toujours une réflexion à avoir sur les fenêtres de diffusion. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Inévitablement, les fenêtres ne sont plus aussi longues qu’elles étaient avant la pandémie. Même si elles ont raccourci, je ne vois pas de répercussions quant à la longévité de la carrière d’un film en salle.
Est-ce que Perfect Days est un cas isolé ?
C’est un phénomène qu’on a vu avec des films comparables dans les derniers mois, voire les dernières années. Anatomie d’une chute a gardé l’affiche durant 25 semaines au Quartier Latin. Le Cinéma Beaubien était le cinéma le plus performant en Amérique du Nord, devant le Lincoln Center à New York. On sent que le public québécois est au rendez-vous pour ce type de film de qualité. Ça permet aux chiffres de se démarquer et au box-office québécois d’occuper une très, très grande part de marché.
Donc, il est possible que le phénomène se reproduise.
Ça va se reproduire. Et pas uniquement avec les films de super-héros ou à grand déploiement. Il y a une percée pour le cinéma d’auteur et les films de qualité.
