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2019-11-22

Vincent Biron : «Si tu veux faire un film, tu fais un film!»

Vincent Biron avait tourné son premier film Prank avec 10 000 dollars. Si pour Les Barbares de la Malbaie, son budget a grossi (2,5 millions), le Québécois est toujours guidé par une même volonté : raconter une histoire tragi-comique à hauteur d’hommes. 

 

D’où vous est venu le désir de raconter cette relation entre un jeune ado passionné de hockey et son cousin loser qui a raté sa carrière? 

 

Quand je suis entré sur le projet, le scénario était déjà écrit. Je suis tombé en amour avec cette histoire, complètement fasciné par cette relation tellement bien écrite, décrite. Je ne suis pas un amateur de hockey au départ, et ce que j’aimais beaucoup dans ce scénario, c’est qu’il transcende ce sport pour explorer les subtilités des personnages.  

 

Le film n’est pas à proprement parler un film de hockey mais plutôt un road movie. Que vouliez-vous montrer du territoire canadien en explorant ce genre-là? 

 

Ce n’est pas quelque chose qui m’a attiré non plus. Je ne voulais pas de grosses «shots» de drone sur la voiture par exemple, ou le paysage. J’étais plutôt intéressé par ce qui passe entre les bouts de route, par l’humain. Je suis un admirateur du cinéma d’Alexander Payne qui explore les émotions, les paradoxes. 

 

C’est un film qui ne va jamais tout à fait là où les codes nous mènent habituellement. Au début, on se dit «c’est un film de hockey» mais ce n’est pas ça, puis «c’est un road trip», mais ce n’est pas ça non plus. 

 

Est-ce que vous aviez Philippe-Audrey Larrue St-Jacques en tête dès le début?

 

Non. Sur le papier, le personnage est très sombre mais mon instinct me disait de choisir un acteur plus lumineux, plus doux, afin de pouvoir explorer les zones grises. Quand Philippe-Audrey a passé les auditions, mon instinct s’est confirmé : alors que beaucoup d’acteurs interprétaient le personnage de façon plus colérique, il l’a joué avec une vulnérabilité qui m’a désarçonné. 

 

Comme dans votre précédent long-métrage, Prank, on est dans le registre comique. Qu’est-ce qui vous intéresse cinématographiquement dans ce genre-là? 

 

Ce qui m’interpelle au Québec, c'est qu'on divise beaucoup les films en deux cases :  les comédies d’un côté, les drames de l’autre. J’adore les films de Joe Swanberg, Richard Linklater, Alexander Payne, entre autres parce qu’ils ne tranchent pas, ils montrent que la comédie et le drame sont indissociables. C’était la même chose dans Prank, et c’est souvent la même chose dans ma vie aussi. 

 

Réaliser un film aujourd’hui au Québec ça ressemble à quoi? 

 

Les Barbares... est un film qui a très vite obtenu un financement, dès le deuxième dépôt en production. Oui, il y a un manque de moyens chronique mais ça fait partie de la «game», et j’ai rarement entendu un cinéaste qui trouvait avoir eu trop d’argent! Le cinéma n’est pas le seul enfant pauvre de la société québécoise, il manque de l’argent en santé, en tout! 

 

Je ne veux pas être l’«optimiste naïf» mais je crois que si tu veux faire un film, tu fais un film. C’est Denis Côté qui m’a appris ça quand j’ai fait la direction photo de Bestiaire : si t’as une pulsion de création, tu peux toujours la réaliser avec des bouts de ficelle. Si tu es prêt à adapter ta vision créative à ton budget, il y a toujours une façon de le faire. 

 

Son chef d’oeuvre de cinéma? 

 

« Un des films qui m’a le plus influencé au moment de déterminer la texture des Barbares est Nebraska d’Alexander Payne. C’est un film extraordinaire, qui mélange parfaitement comédie et tragédie. Il m’a fait pleurer, m’a fait penser à la relation avec mon père. Et il y a toutes ces scènes absurdes qui se déroulent au sein de leur famille. Je l’adore! »

 

Propos recueillis par Céline Gobert le 13 novembre 2019. 

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