L'authenticité pour mot d’ordre: Yan England en 7 questions cinéphiles

6 mai 2025
entrevue

Avec Fanny, son troisième long métrage, Yan England transpose au grand écran l’univers de Fanny Cloutier, saga littéraire jeunesse de l’auteure et scénariste Stéphanie Lapointe.

Quels films vous ont le mieux aidé à préparer Fanny ?

Stand by Me, Indiana Jones pour le fait qu’on change toujours de lieux, puis The Goonies, et E.T. Peu importe l’âge que l’on a, on est transporté par l’émotion et la quête des personnages. Il y a aussi beaucoup de vélo dans Fanny. C’est très inspiré de Steven Spielberg. On voulait rendre le tout dynamique, être le plus près possible des personnages.

Quel film mettant en valeur le territoire vous a le plus marqué ?

J’ai été grandement inspiré par Spielberg. Dans Jaws, il y a la mer. Elle peut être très douce et, subitement, venir nous chercher. Même Indiana Jones, lorsqu’il se promène dans le désert, ça impressionne. Ce sont des lieux rudes, mais qui nous permettent aussi de voyager. Le Bas St-Laurent a quelque chose d’unique, d'insoupçonné. Il fallait l’exploiter. Le fleuve peut donner une impression de calme, de quiétude, de carte postale. Mais lorsqu’il change, l’eau monte, le vent se lève, les vagues se manifestent, etc.

Quel film abordant les relations filiales vous a influencé ?

Les invasions barbares de Denys Arcand. Dans son authenticité, la relation entre Rémy Girard et Stéphane Rousseau nous montre leur distance, puis leur rapprochement, avec toutes les anicroches, les obstacles et les maladresses. Il y a quelque chose de vrai, de touchant et d’authentique.

Quelle serait votre adaptation de roman préférée au cinéma ?

Je suis un fan des Harry Potter. C’était aussi une référence pour moi. Avec le livre, le lecteur se crée son propre imaginaire. C’est sans limites. Ils ont réussi des choses incroyables en arrivant à mettre ça en images. Même ceux qui n’avaient pas lu les livres ont regardé les films, et se sont ensuite tournés vers les romans.

Quelle performance de Milya Corbeil-Gauvreau, l’interprète de Fanny, vous a le plus touché ?

C’est mon cinquième projet avec Milya. Dans Sam, elle avait un personnage lumineux, qui réussissait aussi à nous arracher le cœur. Je l’ai vu travailler, j’ai assisté à son épanouissement. Elle a aussi joué dans Les rois mongols. Dès son plus jeune âge, elle était magnétique. Elle disparaît derrière chaque rôle et elle fait preuve de sensibilité et d’une grande authenticité.

De quel.le cinéaste admirez-vous le plus la démarche ?

Jean-Marc Vallée. Il avait une démarche axée autour de l’authenticité. Ses plateaux de tournage étaient conçus pour être au service de l’émotion et des acteurs. Ça m’a toujours beaucoup inspiré. Après, j’ai eu la chance de tourner pour Denys Arcand comme comédien. Il m’avait dit : «tu peux avoir les meilleures idées du monde, mais il ne faut jamais oublier de laisser l’espace aux acteurs. Ils sont aussi des créateurs et des créatrices.» J’admire aussi le travail de Chloé Robichaud, Monia Chokri, Denis Villeneuve et Xavier Dolan. En nommer, c’est en oublier. Mais chaque réalisatrice et chaque réalisateur d’ici façonnent ce qui m'inspire.

Quel film ou personnalité a nourri votre envie de faire du cinéma ?

Quand j’étais enfant - j’avais déjà commencé à jouer dans Watatatow - Ma prof de français nous avait donné une recherche à faire sur un sujet imposé. Le mien était Charlie Chaplin. J’ai découvert un génie. Il écrit, il réalise, il joue, il compose sa musique : tout est au service de l’émotion. Quand on regarde encore aujourd’hui The Kid, The Great Dictator, Modern Times ou The Gold Rush, ça vient nous chercher. Il y a de l’humour et de l’action aussi. C’est génial.

Si vous aviez le pouvoir de convoquer quelqu’un, mort ou vivant, pour faire un film, de qui s’agirait-il ?

La personne qui a nourri mon imaginaire depuis que je suis tout petit, c’est Spielberg. J’ai eu la chance, une fois, de le rencontrer et de lui parler quelques minutes. J’aimerais voir, à partir de la genèse d’une de ses idées, comment il travaille avec les gens, de quelle manière il amène sa vision. Pendant la pandémie, j’ai regardé toute sa filmographie en ordre chronologique. C’est fascinant de voir à quel point il a changé de type d’histoires, en restant toujours dans une émotion. On vit à chaque fois quelque chose.

Crédit photo: Drowster

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