
Dans Deux femmes en or, d’abord adapté au théâtre puis au cinéma par Catherine Léger, Chloé Robichaud réactualise le film culte de Claude Fournier, sorti en 1970, en racontant les tribulations sexuelles de deux mères en quête de spontanéité dans un quotidien devenu monotone.
Quel film a le mieux servi à préparer Deux femmes en or ?
Le cinéma de Pedro Almodóvar. Ses personnages sont souvent des femmes. Je voulais aller vers un film coloré et Almodóvar est le roi des couleurs. Je n’ai pas réécouté tous ses films, mais j’ai regardé plusieurs images tirées de ses œuvres. Il a été au cœur des discussions entre Sara Mishara et moi.
Quel film tourné en pellicule vous a influencé ?
Marriage Story. Une grande partie du cinéma de Noah Baumbach est tourné en pellicule. On sent toujours la modernité dans son cinéma. Les enjeux sont contemporains, un divorce par exemple. Et dans Marriage Story, les décors sont assez simples : des appartements, un bureau d’avocat. Soudainement, le cinéma vient magnifier la scène, lui donner du caractère. Ça me ramène toujours au cinéma de mon enfance. Je m’ennuie beaucoup de la pellicule. Dans les années 1990, quand on allait voir des films, ce n’était qu’en pellicule. Et pour moi, c’était ça la vraie expérience de cinéma.
Quel film dont Sara Mishara signe la direction photo admirez-vous le plus ?
Félix et Meira. C’est un de mes films québécois préférés. Il y avait un beau minimalisme et une belle sensibilité. Après, j’avoue que Les oiseaux ivres profite d’un travail sur la lumière assez incroyable. Le jeu sur les couleurs, les mouvements de caméra : on est dans le grandiose.
Quel duo de personnages féminins vous a le plus marqué au cinéma ?
Il n’y en a pas assez … mais je dirais … Thelma & Louise. Un film que j’ai vu et revu, que l’on cite encore aujourd’hui. Mais j’ai quand même un peu hésité et c’est la preuve que les tandems féminins sont assez rares. Oui, on a de plus en plus de protagonistes féminins, mais les duos comiques de femmes ne viennent pas rapidement. Ça révèle quelque chose.
Quelle comédie a fait une grande impression sur vous ?
J’aime beaucoup Force majeure. On sent toute la détresse et la tristesse des personnages. Mais il y a des scènes très drôles. Encore là, on est beaucoup dans le minimalisme. Par le choix des couleurs, des costumes et du cadre, il y a de l’humour. Parfois, je trouve qu’en comédie, on a tendance à trop en faire. Pour moi, Ruben Östlund est un exemple de quelqu’un qui réussit à faire avec peu.
Si vous aviez à choisir une scène de nudité ou de sexualité dont vous trouvez la mise en scène particulièrement intéressante, laquelle ce serait ?
Il y a une scène dans Short Cuts de Robert Altman où Julianne Moore porte un t-shirt et elle est nue du reste. Donc, on voit son sexe. Elle est en pleine discussion. Ça m’était toujours resté en tête. Quand on a parlé de nudité, Karine Gonthier-Hyndman et moi, on avait toutes les deux pensé à cette scène. On y fait d’ailleurs un clin d'œil dans le film. La nudité n’est pas obligée d’être que dans la sexualité et le désir, où la femme en devient l’objet. Une grande partie de notre nudité n’a rien à voir avec la sexualité. Alors pourquoi le cinéma ne présente-t-il pas une nudité plus quotidienne ?
Quel film québécois pourrait profiter du même traitement que Deux femmes en or ?
La vraie nature de Bernadette. Ça fait un petit moment que je l’ai vu. Mais il me semble qu’on pourrait essayer de le regarder avec des lunettes d’aujourd’hui. Ce serait assez intéressant. En plus, Micheline Lanctôt pourrait venir faire un caméo !