Dans un beau grand chalet au bord d’un immense lac abitibien, le who’s who du cinéma québécois donnait en fin de semaine dernière des classes de maître à une meute de cinéastes en herbe. L’occasion? La Watch, un happening professionnel sur deux jours, organisé en marge du Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.
La Watch, me dit-on, a commencé toute petite. C’était en 2020, au plus fort de la pandémie. Au fil des éditions, elle a pris du coffre. Rendue à la quatrième, pas moins de quinze cinéastes et créateurs s’y étaient réunis, pour partager l’un à la suite de l’autre leur expérience et raconter ce qui les anime, ce qui les propulse.
Organisé par la réalisatrice et productrice Mélissa Major (Le défi) et le programmateur de Prends ça court Danny Lennon, La Watch a tout d’un party clandestin chez les parents d’un ami. À l’entrée, des dizaines et des dizaines de paires de chaussures s’étalent sur le sol - ça serait bête d'abîmer les beaux planchers de pin du chalet. Au-delà de l’ilôt de la cuisine, où trônent les restes du plus récent repas, s’ouvre un grand salon dont les fenêtres pleine hauteur donnent sur le lac Kanasuta. Sur les fauteuils, les coussins, les chaises de la salle à manger adjacente, par terre, une trentaine de personnes sont à l’écoute de l’intervenant du moment, installé dos à l’immense cheminée.
Le cinéma est un art vaste et collectif. De l’écriture à la promotion, en passant par le financement, la mise en scène et le tournage, les sujets ne manquent pas et tous sont abordés. Certains, comme Robin Aubert (Les affamés), parlent de leur philosophie du métier et, très habilement, renversent la proposition en posant des questions aux jeunes créateurs venus l’écouter. D’autres, comme Ariane Louis-Seize, évoquent la complexité du tournage de nuit de son Vampire humaniste cherche suicidaire consentant et l’expérience, toujours mémorable, du premier film. Pour sa part, Denis Côté (Vic + Flo ont vu un ours, Répertoire des villes disparues), disserte sans pudeur sur la notion de succès en insultant poliment la moitié de ses confrères et consoeurs. La parole est libérée, les rares journalistes présents, tous des intrus, se font tout petits…
L'événement méconnu du public mérite d’être hautement surveillé. Il le sera dorénavant. Avis aux oreilles indiscrètes.
Qui d’autre était à La Watch? Le cinéaste et directeur-photo Vincent Biron (Prank!), la cinéaste Myriam Bouchard (Mon cirque à moi, 23 décembre); le scénariste Érik K. Boulianne (Avant qu’on explose, Viking); les comédiens Larissa Corriveau (Un été comme ça) et Martin Dubreuil (Félix et Meira, Le temps d’un été); le producteur Guillaume Lespérance (Le trip à trois); le cinéaste Pascal Plante (Nadia, Butterfly, Les chambres rouges); l’auteur télé Alec Pronovost (Complètement Lycée, Club Soly); le cinéaste d’animation Joël Vaudreuil (Adam change lentement); le le concepteur artistique Patrice Vermette (Dune); enfin, la cinéaste Mariloup Wolfe (Jouliks, Coeur de slush).
