Pourquoi avez-vous eu envie d’adapter ce roman de Gabrielle Roy?
Je crois qu’après mes précédents films, Le jour avant le lendemain et Uvanga, La Rivière sans repos vient boucler une espèce de trilogie sur la colonisation et les rapports entre la culture du Sud et celle du Nord. J’ai lu le roman au complet durant une nuit d’insomnie, fascinée par ce récit qui se passe chez les Inuits. Je l’ai tout de suite visualisé. Le livre fut pour moi une source d’inspiration. Les personnages sont similaires, mais pas identiques. Adapter un texte, c’est se l’approprier.
On suit une jeune femme qui est violée et donne naissance à un enfant blanc, dans l’après-guerre, une période où la colonisation du Nord était plus agressive. C’était rare à l’époque d’avoir des enfants «mixés». J’avais envie d’étudier la psychologie de ce personnage féminin, pris entre deux cultures.
Ce sont des sujets qui vous passionnent depuis plus de 20 ans. Comment expliquez-vous cet attrait?
J’ai vécu dans le Nord pendant 10 ans, j’ai eu un enfant que j’ai élevé là-bas. Ce territoire est d’une beauté incroyable. J’aime la culture du Nord. Son peuple admirable a survécu, jusqu’à tout récemment, sans moyens technologiques avancés dans un des environnements les plus exigeants et difficiles sur la Terre.
Ce sont également des raconteurs d’histoires vraiment intéressants, des nomades, des chasseurs, des rieurs. Il y a tellement de choses à rechercher, dans cette exploration du territoire et des rapports avec les Autochtones, et plus particulièrement avec les Inuits. À l’école, on ne nous en parlait jamais.
Comment s’est déroulé le tournage dans un tel territoire?
On a tourné le film à Kuujjuaq en 2018 sur deux périodes, mars et août, totalisant 22 jours. Je ne connaissais pas vraiment la communauté même si j’y avais fait escale deux, trois fois. Il a fallu s’y créer des alliances. Par exemple, je voulais que tous les costumes soient faits sur place. Les femmes Inuits sont des couturières hors pair. J’aurais trouvé ça trop insultant qu’ils soient faits ici au Québec.
Ça coûte cher de voyager dans le Nord, ce fut le premier défi de production. Le billet d’avion est à 2000 dollars, alors quand tu emmènes toute une équipe... On a fait beaucoup avec un petit budget.On voulait aussi absolument travailler près de la rivière Koksoak, qui a de grandes marées, donc il fallait le prendre en compte dans notre horaire. L’autre défi, c’était la température! Il fait froid, il vente! Cela nous prenait une équipe forte, capable de travailler dans de telles conditions.
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