L'avis de Mediafilm

L'Anglais Steve McQueen (HUNGER, SHAME, 12 YEARS A SLAVE) a capté l'essence du livre de son épouse Bianca Stigter - "Atlas of an Occupied City, Amsterdam 1940-1945" - pour aller jusqu'au bout d'une proposition radicale de dissonance. Au son, la narratrice relate, une adresse après l'autre, le sort des juifs d'Amsterdam au temps de l'occupation nazie. À l'image, McQueen montre les mêmes adresses, au temps de la pandémie de COVID-19, pendant et après le confinement. Durant quatre heures, voix et images (qui ne racontent pas la même chose, sinon parfois par un vague écho ou effet de miroir) se disputent l'attention divisée du spectateur, rapidement forcé de s'abandonner, lui-même "détruit" (le mot est employé comme leitmotiv durassien durant tout le film) par l'épreuve. Maîtrisé au plan technique, mis sous tension par le violoncelle d'Oliver Coates, OCCUPIED CITY serait sans doute mieux mis en valeur, tournant en boucle dans une salle de musée, tel un monument devant lequel on passe.

Martin Bilodeau