L'avis de Mediafilm

Le cinéaste israélien Nir Bergman avoue avoir vu et revu ORDINARY PEOPLE de Robert Redford, et ce avec la même fascination. Bien qu'il se défende d'en livrer une nouvelle version, il explore les mêmes thèmes, ceux liés à la mort d'un membre d'une famille et les impacts de ce vide sur les survivants. Alors que nombre de réalisateurs s'intéressent aux tourments liés à la perte d'un enfant, Bergman aborde plutôt l'absence du père, un angle qui confère à BROKEN WINGS une certaine originalité. Ce décès, rapide et inattendu, plonge cette famille israélienne dans des tracas infinis, financiers autant qu'émotionnels. Chacun exprime dans un triste silence, ou par le biais de la chanson, son impuissance face à la cruauté de cette mort absurde, dont les circonstances demeurent mystérieuses pendant une bonne partie du film. Pour alléger un récit chargé d'incidents mélodramatiques, Bergman ajoute quelques touches amusantes, histoire de montrer que la vie continue pour cette famille semblable à tant d'autres. Cette normalité de façade est renforcée par une réalisation sobre et un refus systématique de références au conflit israélo-palestinien, le cinéaste se concentrant sur les drames d'ordre sentimentaux, médicaux et scolaires de ses attachants personnages. La sincérité des acteurs, tous des non-professionnels mis à part Orli Zilberschatz-Banai dans le rôle de la mère éplorée, renforce l'authenticité de cette tragédie familiale.

André Lavoie