L'avis de Mediafilm

Avec son second long métrage, Bertrand Bonello s'attaque à un sujet chaud. Même s'il insère quelques scènes de sexualité très explicite, le réalisateur réussit à éviter le piège du voyeurisme. Ces brèves séquences s'inscrivent dans un axe quasi didactique, notamment grâce à la cohabitation à l'écran d'acteurs spécialisés dans la porno et d'autres issus du cinéma conventionnel. Car, à travers cette incursion dans l'univers du X, c'est le septième art tout entier qui constitue la véritable toile de fond du récit. Bonello s'attache à dénoncer de façon critique le mercantilisme éhonté de ce milieu et la place qu'occupe aujourd'hui le cinéma porno, par rapport à hier. À l'aide d'une mise en scène sobre et précise, l'auteur pose un regard lucide sur une génération désabusée à travers le portrait sensible d'un homme comme les autres, même s'il exerce le métier de pornographe. De plus, il réussit l'exploit de donner au mythique Jean-Pierre Léaud, acteur emblématique de la Nouvelle Vague, un de ses rôles les plus consistants depuis des lustres. Sa présence symbolique et la maîtrise de son jeu confèrent au film une dimension plus profonde, permettant au réalisateur de proposer des niveaux de lecture multiples.

Jean Beaulieu