Alb. 2001. Comédie satirique de Gjergj Xhuvani avec Artur Gorishti, Luiza Xhuvani, Agim Qirjaqi. Un jeune professeur vient enseigner dans un village albanais où maîtres et élèves doivent construire à flanc de montagne des slogans avec des pierres. Dénonciation par l'humour des injustices et absurdités d'un régime totalitaire. Traitement à mi-chemin entre poésie et surréalisme. Mise en scène dépouillée. Jeu parfaitement adapté des comédiens.
Un jeune professeur vient enseigner dans un village albanais où maîtres et élèves doivent construire à flanc de montagne des slogans avec des pierres. Dénonciation par l'humour des injustices et absurdités d'un régime totalitaire. Traitement à mi-chemin entre poésie et surréalisme. Mise en scène dépouillée. Jeu parfaitement adapté des comédiens.
Les films traitant des abus perpétrés par des autorités brimant les libertés individuelles ont fait les belles années du cinéma d'Europe de l'Est, malgré la censure qui pesait sur les créateurs de ces pays avant la chute du communisme. Maintenant que l'heure de régler les comptes a sonné, on sent tout de même une certaine nostalgie dans la description des injustices et absurdités de ces régimes. Gjergj Xhuvani aborde cette question par le biais de l'humour en livrant une puissante allégorie sur la propagande, qui fourmille de détails subtils. Sans compter qu'il s'agit d'un portrait vivant et pittoresque d'une collectivité isolée dans son obscurantisme pendant des décennies. Le réalisateur a recours à une mise en scène plutôt dépouillée, laissant littéralement la parole aux pierres et aux briques, dans une démarche à mi-chemin entre poésie et surréalisme. L'interprétation des comédiens, bien qu'un peu convenue, s'adapte parfaitement à leurs rôles: les «bons» misent sur une certaine retenue, tandis que les «méchants» pratiquent un jeu plus outré. L'Albanie, l'un des derniers États staliniens à avoir fait une croix sur son passé de régime totalitaire, exporte rarement ses films sur les marchés étrangers. À la vue de SLOGANS, on ne peut que le regretter.
Texte : Jean Beaulieu