L’AVIS DE MEDIAFILM

Basé sur des faits avérés relatés dans le livre éponyme de David Grann, KILLERS OF THE FLOWER MOON détaille une sombre page d’histoire américaine aux effluves de péché originel: la transition entre la fin du Far West et le début du capitalisme moderne. Mêlant western et film de gangsters, le scénario (aussi remarquable qu’audacieux) se cristallise finalement sous la forme d’un drame conjugal, évoquant les chefs-d’oeuvres d’Hitchcock (SUSPICION) et de Cukor (GASLIGHT). Somptueusement photographié en couleurs de terre par Rodrigo Prieto, et propulsé par la musique obsédante de Robbie Robertson, la mise en scène de Martin Scorsese – toujours aussi maîtrisée, mais plus posée que d’habitude – distille le poison qui contamine les sphères familiales puis sociales. Un trio d’acteurs remarquables lui prête main forte: Robert De Niro, fascinant de paternalisme vénéneux, en prétendu protecteur de la communauté qu’il exploite; Leonardo DiCaprio, stupéfiant en arriviste invertébré, déchiré par des allégeances irréconciliables; enfin, Lily Gladstone, bouleversante en victime meurtrie mais souveraine, dont le regard hantera durablement le spectateur.

Texte : Georges Privet