L’AVIS DE MEDIAFILM

À l'image de son protagoniste impulsif, voilà une comédie sentimentale bien imprévisible. Dès la saisissante scène d'ouverture, où le héros est témoin d'un accident de la route, on comprend que Paul Thomas Anderson ne nous convie pas à une bluette conventionnelle. Certes, son film raconte une histoire d'amour, mais par le biais d'un récit volontairement débridé, insolite et marqué d'un humour souvent noir. Prenant constamment les conventions du genre à rebrousse-poil, l'auteur semble s'ingénier à saboter le sentimentalisme de son intrigue en introduisant des personnages inquiétants ou des situations déroutantes. Et pourtant, malgré un parcours pour le moins chaotique, PUNCH-DRUNK LOVE réussit à dégager un parfum romantique particulier. Comme dans MAGNOLIA, Anderson élabore quelques séquences assez complexes au rythme de pièces musicales ou de chansons et ce, avec une virtuosité toujours aussi épatante. En outre, le montage s'avère particulièrement efficace. Mais l'élément le plus surprenant de ce film demeure sans doute la performance d'Adam Sandler, qui reprend ici son rôle habituel de gros bêta psychotique sur les bords, mais dans un contexte où ce personnage acquiert pour la première fois une vraie profondeur. Emily Watson lui donne la réplique avec un heureux mélange de délicatesse et d'assurance.

Texte : Martin Girard