Yolande Moreau: une femme de luxe

24 janvier 2024
entrevue

Avec La fiancée du poète, l’artiste belge de septante ans renoue avec l’esprit libertaire de sa jeunesse baba-cool.

Quelle est l’étincelle de cette histoire?

Je suis tombée sur un article sur un faussaire anglais. C’est la photo qui m’a impressionnée. C’était un gros homme très pataud entouré de son père et sa mère. Ses parents vendaient ses œuvres et ils ont dupé le monde entier. Ce qu’il avait réalisé était d’une finesse incroyable. Je me suis demandé d’où pouvait venir cette envie d’être faussaire. Cette passion, ce savoir-faire, c’est quand même fascinant. Et je me suis rappelé cette phrase de Paul Valéry qui dit: «Sans les faussaires le monde serait bien triste».

Ça m’étonne que vous soyez partie de l’idée du faussaire, et non pas de votre personnage, celui de Mireille, une ex-détenue qui accueille chez elle des marginaux. Que pensez-vous d’elle?

Je vois ce personnage comme un appel au renouveau. Mireille réveille le souvenir de son adolescence, marquée par une quête de vivre intensément. Avec cette trahison qu'elle a subie et les années de prison, elle s'est éteinte. Au curé, elle raconte que sa vie est un grand vide, qu’elle est revenue à la case départ. Il lui suggère de s’ouvrir aux autres. Je l’aime bien moi ce curé.

Moi aussi, il est assez comique. Avec sa soutane, il m’a rappelé Fernandel.

Oui, il [le chanteur William Sheller] en fait des tonnes. Mais je me suis dit qu’en champ/contrechamp, j’arriverais à équilibrer les choses.

Cinéma, théâtre, humour, vous avez touché à presque tout. Avec vous une préférence?

Le cinéma est un art que j'adore. L’espace de création est vraiment très grand, ça touche à énormément de choses. Mais j’aime aussi être sur scène. Bref, je suis une femme de luxe: un peu de tout.

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