5 questions à Theodore Ushev

2 mai 2023
entrevue

À l’occasion de la sortie en salle de Phi 1.618, nous avons rencontré Theodore Ushev, qui signe ici son premier long métrage de fiction.

Connaissiez-vous le roman quand vous avez démarré le projet?

Non. Quand Vladislav Todorov m’a envoyé son roman, j’ai trouvé l’histoire intéressante, mais un peu trop complexe. Son scénario était plus aéré, et j’ai accepté de réaliser le film après avoir retravaillé le script avec lui. Je voulais faire un film jouet, le plus ludique possible, comme un jeu vidéo du genre Minecraft. Je voulais aussi faire un film rempli de références, de citations littéraires et de styles hétéroclites. Un film qui se promène dans l’histoire du cinéma et qui mélange l’art brutaliste et l’absurdité du conte dystopique : Phi 1.618 est un conte brutaliste pour enfants, si cela existe!

Quels sont les liens entre ce film-ci et vos courts métrages?

Phi 1.1618 se raccorde très clairement à tout ce que j’ai fait auparavant. Je reviens sur la relation entre un homme modeste et un système totalitaire, comme je l’ai fait dans presque tous mes courts. C’est encore plus pertinent aujourd’hui : on est au bord d’une guerre mondiale qui oppose des régimes fascistes très puissants, dans lesquels les actes de folie peuvent avoir des conséquences dramatiques. Et ce sont des gens comme mon protagoniste Krypton qui peuvent déranger ces régimes. J’espère encore que l’on peut changer le monde. C’est peut-être très naïf, mais j’y crois.

Comment s’est passé l’intégration des séquences animées aux prises de vues réelles?

En raison du petit budget que nous avions, il a été nécessaire de dessiner chacune des scènes – chaque mouvement, chaque lumière, chaque mouvement de caméra, presque comme pour un film d’animation. Ça m’a permis de bien coordonner l’équipe, de faire le plus de plans possibles dans la même journée et d’avoir un contrôle absolu sur le film. Par exemple, nous avons trouvé des lieux de tournage futuristes, mais bien réels, et, en dehors de la séquence finale, il n’y a aucun écran vert.

Quels enseignements tirez-vous de ce premier long métrage?

Ça s’est très bien passé. Je me suis même senti plus confortable que lors de mon premier court métrage. L’animation est un métier de solitude. Et là, j’étais entouré d’une équipe, qui comptait sur moi et qui attendait mes décisions. Ils m’ont donné des idées, et, en contrepartie, je leur ai laissé beaucoup de liberté. J’ai beaucoup aimé l’expérience.

On aura donc l’occasion de voir d’autres longs métrages signés par vous?

Oui! J’ai deux projets en cours. Ce sont aussi des récits dystopiques dans lesquels des hommes se retrouvent face à des situations difficiles et imprévisibles. C’est ce qui m’intéresse dans le cinéma… Je ne peux pas faire de cinéma réaliste. J’ai hérité ça de l’animation.

Partager cet article