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2023-11-15 Martin Bilodeau

Jeanne Herry : majeure et en douceur

Pour les besoins du magnifique et émouvant Je verrai toujours vos visages, en salle ce vendredi, la cinéaste Jeanne Herry (Elle l’adore, Pupille) a reconstitué de l’intérieur, mais à travers la fiction, le protocole de justice restaurative. Mis en place par les services sociaux français sur le modèle de celui du Québec, où il a vu le jour dans les années 1970 sous le nom de “justice réparatrice”, ce protocole sert à mettre en relation des victimes d’agressions avec des agresseurs, afin - résumé simplement - de permettre aux premiers de surmonter le traumatisme, aux seconds de réparer les torts qu’ils ont causés.

On sent une immense tendresse dans votre démarche, en même temps que la tête est toujours présente, dans une sorte de retenue. Ou de tendresse sous surveillance…

Il n'y a pas de cloison entre le cerveau et le cœur. On est fait d’un seul tenant, donc ce sont des aller/retour. C’est vrai que je construis beaucoup mes films. C’est de la construction pure, avec de la pensée. Mais je suis aussi une personne très sentimentale et plutôt émotionnelle donc forcément, si le film a un petit peu de tête et un petit peu de cœur, c’est parce que forcément il me ressemble.

Vous avez tourné plusieurs scènes à trois caméras, notamment celles montrant les personnages assis en rond dans une grande salle austère. Pouvez-vous nous expliquer votre méthode de travail?

Je tourne souvent dans des décors pas très intéressants, un peu moches, où je n’ai rien d’autre à filmer que des acteurs. Et j’adore ça. J’adore filmer les visages, filmer les corps. Des visages qui écoutent, qui parlent, qui cherchent leurs mots, qui réfléchissent. [...] Tous les acteurs avaient des monologues très longs. Plus long que ce qu’on voit à l’écran, parce qu’on a beaucoup coupé. Par exemple, Leïla Bekhti avait un monologue de neuf ou dix minutes. Au final, il en fait six ou sept, ce qui est déjà énorme. J’avais donc trois caméras sur elle, avec des valeurs de plans différentes, parce que je ne voulais pas lui demander de le refaire cent fois.

Ce personnage, d’une caissière traumatisée par un braquage, qui prend conscience de la peur et de la vulnérabilité d’un agresseur, est très puissant.

Oui, il est inspiré d'une femme que j'ai rencontrée et qui avait été agressée dans un supermarché. Je lui ai demandé l'autorisation de raconter ce qui lui est arrivé dans le film parce que ça illustre tellement bien comment la parole d'un agresseur peut tout d'un coup soulager une victime.

Le choix des acteurs s'est fait de quelle manière? Est-ce que vous aviez des idées très arrêtées?

J’ai écrit plusieurs personnages avec en tête les acteurs qui allaient les jouer. C'est le cas de Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez, Miou-Miou*, Suliane Brahim et Jean-Pierre Darroussin. J’ai écrit ces rôles pour eux. Je n’ai pas pensé tout de suite à Adèle Exarchopoulos, et pourtant Dieu sait qu'elle est vraiment idéale pour ce rôle.

Dix ans, trois films. C’est là votre cadence?

J’aimerais bien tourner plus vite mais chez moi la maturation est lente. Mes films sont tous majeurs, pour moi, dans ma vie. J’en ferais bien un tous les trois ans, mais visiblement, ce n'est pas ma cadence.
 

Photo : Leïla Bekhti et Miou-Miou dans Je verrai toujours vos visages, © Christophe Brachet

*À lire vendredi sur Mediafilm : la deuxième partie de cet entretien, entièrement consacrée à la grande actrice Miou-Miou, mère de Jeanne Herry.

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