L'avis de Mediafilm

On compte peu de vrais rebondissements dans ce récit d'une rencontre entre deux êtres que tout sépare. En filigrane pourtant, on entend le cinéaste Ilmar Raag, qui s'est inspiré d'une expérience vécue par sa mère, formuler une douce réflexion sur la solitude, la vieillesse et l'immigration. Épousant le rythme de vie de Frida, partagée entre l'envie de se laisser mourir et celle de connaître une dernière fois l'amour, UNE ESTONIENNE À PARIS dégage un parfum de mélancolie, en évitant le pathos et le misérabilisme. Prenant aussi à contrepied les clichés folkloriques, le cinéaste pose sur la petite communauté estonienne locale, fière mais résignée à voir sa jeunesse oublier ses racines, un regard qui se fait à la fois tendre et lucide. La réalisation, élégante et sobre à la fois, forge un climat crépusculaire auquel les deux interprètes au diapason apportent de la couleur.