L'avis de Mediafilm

S'attaquer à un sujet aussi délicat que la pédophilie peut sembler risqué, voire casse-cou, mais la réalisatrice Nicole Kassell, dont c'est le premier long métrage, réussit un surprenant tour de force avec THE WOODSMAN. Adaptation inventive de la pièce de théâtre du coscénariste Steven Fechter, le film donne lieu à une puissante étude psychologique qui fouille avec minutie et moult détails le comportement d'un homme brisé par la vie qui ne peut faire la différence entre fantasmer et passer à l'acte. Grâce à un montage fluide, parfois percutant, Kassell trouve des équivalents visuels probants pour illustrer le désarroi et le trouble du protagoniste. Tout en abordant le sujet avec retenue, elle parvient à créer des moments de forte tension grâce à de subtiles allusions dans les dialogues, le jeu des interprètes ou le passage abrupt entre la réalité et les fantasmes du pédophile. En ce sens, la scène minimaliste où ce dernier suit une fillette dans un parc est exemplaire, car elle place le spectateur dans une situation émotive presque intolérable où la sympathie et le rejet se côtoient. Une telle réussite serait impossible sans l'interprétation sobre et nuancée de Kevin Bacon, qui offre la performance de sa carrière. Il est entouré de surcroît d'une distribution impeccable.

André Caron