L'avis de Mediafilm

L?animation française semble bien décidée à ne pas céder à la vague du tout-au-numérique qui balaie les studios américains. Aussi, a priori, la démarche esthétique de Francis Nielsen n?a rien à envier à celle, délicate, d?un Michel Ocelot (KIRIKOU ET LA SORCIÈRE). Imitant les images de Sergueï Barkhin, illustrateur du conte de Tonino Guerra, Nielsen opte pour un graphisme bidimensionnel utilisant souvent le carton découpé et empruntant une palette pastel proche de Chagall ou de Frédéric Back (rapprochement que cultive, notamment, la narration de Philippe Noiret et la portée pacifiste du récit). Il en résulte une oeuvre dont la beauté visuelle s'avère un peu fruste. En effet, les dessins, magnifiés par le grand écran, accusent parfois une imprécision qui, selon les points de vue, pourra agacer ou charmer. Si l?on suit par ailleurs avec intérêt les développements du conte de Guerra, qui fourmille d?idées poétiques, le récit semble néanmoins manquer un peu trop de rythme pour vraiment soutenir l'intérêt des enfants, et d?un peu trop de mystère pour captiver les adultes. Sorte d?objet vétuste quoique séduisant, LE CHIEN, LE GÉNÉRAL ET LES OISEAUX propose une expérience à la fois fascinante et frustrante.

Jean-Philippe Gravel