L'avis de Mediafilm

Peu connu du grand public, le travail du sculpteur Andy Goldsworthy reçoit un traitement royal dans RIVERS AND TIDES du documentariste allemand Thomas Riedelsheimer. Pendant plus d'un an, ce dernier a suivi Goldsworthy, le filmant à l'oeuvre sur une plage des Maritimes, dans un parc national aux États-Unis, près de sa maison en Écosse ou dans un village du sud de la France. Le cinéaste a su admirablement mettre en valeur les oeuvres du talentueux et prolifique sculpteur, grâce à une photographie léchée, une caméra très mobile et des angles de prises de vue extrêmement étudiés. On a ainsi droit à ces désormais célèbres pommes de pin d'environ un mètre de haut constituées de pierres, de bois ou de morceaux de glace empilés, ou bien à ce long mur de pierre qui serpente autour des arbres dans un parc américain. Mais plus encore, Riedelsheimer, tel Henri-Georges Clouzot dans son MYSTÈRE PICASSO, capte sur le vif le geste créateur d'un artiste inspiré, une expérience toujours fascinante et pleine d'impondérables, le réalisateur faisant bien sentir au spectateur toute la patience requise pour ériger ces oeuvres éphémères. En outre, tout en travaillant, Goldsworthy, à la fois disert et très articulé, explicite les principes d'une exigeante démarche artistique en prise directe avec la nature et ce, sans jamais tomber dans l'écologisme facile.