L’AVIS DE MEDIAFILM

Après la parenthèse peu concluante de LEGEND OF 1900, son premier film en langue anglaise, Giuseppe Tornatore revient dans sa Sicile natale pour y tourner un drame de moeurs décrivant l'éveil de la sexualité chez un adolescent et le difficile apprentissage à la mesquinerie du monde adulte. En vérité, il ne faut pas s'attendre à un récit d'une grande originalité, tous les clichés sur la concupiscence des mâles en rut étant allégrement convoqués, de même que ceux sur la vie quotidienne d'un village fasciste en temps de guerre. Cependant, l'ensemble possède un charme certain, grâce à une direction artistique évocatrice et nimbée de nostalgie, une mise en scène pleine d'aisance et des passages cocasses assez bien amenés. Par ailleurs, le récit a la particularité d'être entièrement raconté du point de vue du jeune protagoniste, ce qui nous vaut quelques séquences amusantes d'illustrations de fantasmes sous forme de pastiches de classiques du cinéma. En outre, la scène finale, d'une émouvante sobriété, fait montre d'un bel humanisme. Dans un rôle quasi muet, qui confère une aura de mystère à son personnage, la diaphane Monica Bellucci possède l'élégance et la sensualité requises, face à l'expressif débutant Giuseppe Sulfaro.

Texte : Louis-Paul Rioux