L’AVIS DE MEDIAFILM

Depuis son premier film, BUNKER PALACE HOTEL en 1989, rien n'a vraiment changé dans l'univers insolite d'Enki Bilal, si ce n'est qu'il a situé son petit monde étrange sur la Lune, sans toutefois faire beaucoup d'efforts pour le rendre suffisamment crédible. Issu de la bande dessinée, Bilal demeure un illustrateur doué, mais son talent de réalisateur se limite à transposer à l'écran le style visuel qu'il a développé dans ses planches. Le transfert se révèle un peu figé mais tout de même riche en idées bizarres qui parviennent à soutenir l'intérêt, comme les décors en ruine ou l'utilisation précise des couleurs primaires. S'il se veut une fable sur les excès de pouvoir et la paranoïa inhérente à toute dictature, le scénario a plutôt tendance à patauger dans une intrigue capricieuse que l'on pourrait qualifier de lunatique. La qualité de l'interprétation rachète cependant ces défauts, car les acteurs font preuve d'une générosité étonnante. Julie Delpy y est tout simplement radieuse.

Texte : André Caron