L’AVIS DE MEDIAFILM

Ce deuxième long métrage de Sophie Fillières (après GRANDE PETITE en 1994, inédit au Québec) aborde de façon plutôt originale le genre de la comédie sentimentale. Car en dépit du fait que le personnage pivot de la serveuse fantasque soit dépeint comme un être blessé et désespérément en quête d'affection, il n'a en définitive d'autre fonction que de révéler au protagoniste masculin la force et la sincérité de l'amour qu'il porte à la jeune femme qu'il souhaite reconquérir. D'ailleurs, la révélation aux deux tiers du film de la véritable identité du personnage de AÏE en laissera plus d'un perplexe. La mise en scène ne s'encombre guère d'effets de style, mais elle s'avère efficace pour créer à point nommé un malaise chez le spectateur. Cela au détour d'une des nombreuses répliques étonnantes du film. Car il faut préciser que le récit est essentiellement porté par les dialogues, d'une déconcertante habileté, qui font montre d'une franchise et d'un sans-gêne assez inusité, surtout de la part du personnage de l'excentrique serveuse. Celle-ci est incarnée avec un formidable aplomb par Hélène Fillières, la soeur de la réalisatrice, qui vole souvent la vedette à André Dussollier, pourtant à son meilleur.

Texte : Louis-Paul Rioux