L’AVIS DE MEDIAFILM

L'un des derniers cinéastes issus de la Nouvelle Vague, le toujours vert Jacques Rivette s'amuse tout au long de son oeuvre à mêler les pistes du théâtre, du cinéma et de la vie. Si bien que dans VA SAVOIR, il élève au rang de grand art les marivaudages qu'il met en scène entre ses six personnages en quête «d'autres heurts». Il entraîne le spectateur par la main dans sa valse-hésitation au moyen d'une intrigue bien ficelée, mais parfois compliquée, empruntant par moments la voie de service scénaristique du vaudeville. Autre roublardise à l'endroit du public, les extraits de représentation théâtrale n'ont curieusement que peu ou pas de lien avec ce qui se passe dans la «vraie vie» des personnages, même si ces derniers jouent tous plus ou moins la comédie à leur partenaire respectif. L'interprétation aérienne des comédiens sied parfaitement au climat léger qui y règne, plus comique qu'à l'accoutumée chez Rivette, même si le débit traînant de Jeanne Balibar ou le jeu un peu coincé de Jacques Bonnaffé peuvent agacer. La mise en scène, réglée comme un ballet, empêche de justesse le film de prêter le flanc aux excès burlesques dans le dernier droit, fertile en rebondissements pour le moins audacieux.

Texte : Jean Beaulieu