L’AVIS DE MEDIAFILM

L'Italien Nanni Moretti a déjà dit qu'il ne se considérait pas vraiment comme un cinéaste, mais seulement comme quelqu'un qui fait des films lorsqu'il a des choses à dire. Aussi Aprile, qui est en quelque sorte une suite à son précédent Caro diario, doit être compris comme une nouvelle manifestation de cette irrépressible envie de s'exprimer sur l'état de la société italienne et de sa classe politique. Or, ici, ce qui surprend (agréablement), c'est de voir Moretti perdre pied dans l'élaboration de son discours socio-politique et commencer à divaguer - avec humour et finesse - à l'annonce de sa paternité prochaine. D'où la mise en scène protéiforme de ce film qui est à la fois pamphlet, film d'essai, documentaire et journal intime filmé. De ce pétulant chaos, Moretti réussit à créer des scènes souvent très drôles, assorties d'un commentaire perspicace sur la contemporanéité. Dans Aprile, outre Moretti lui-même, apparaissent aussi sa femme, son fils et ses proches collaborateurs. Tous réussissent à atteindre une belle authenticité. Le film leur doit beaucoup.

Texte : Carlo Mandolini