L’AVIS DE MEDIAFILM

Voulant révéler l'atrocité d'un événement historique méconnu survenu en 1988, John Boorman juxtapose la souffrance d'une étrangère à ce drame qui déchira le peuple birman. Reprenant ainsi une formule qui lui est chère, il démontre une fois de plus avec RANGOON que l'instinct de survie vient à bout des pires épreuves. Sauf que cette fois, malgré les bonnes intentions, l'ampleur des tragédies qu'il met en scène s'accorde mal avec la volonté de divertissement de l'entreprise. N'eut été d'une intrigue qui mise avant tout sur l'action, le film aurait sans doute permis de sentir davantage la douleur qui hante Laura et de saisir clairement les enjeux du conflit illustré. En lieu et place, le scénario insiste sur les exploits de cette héroïne surmontant ses peurs et ses peines avec un courage quasi surnaturel. Se prêtant entièrement au jeu, Patricia Arquette démontre hors de tout doute son talent pour les rôles physiquement exigeants. Pour leur part, les adeptes du cinéaste pourront se réjouir de le retrouver en aussi bonne forme quand il s'agit de décrire une forêt hostile où plane constamment le danger.

Texte : Alain P. Jacques