Des sans-abri ayant élu domicile dans les tunnels du métro de New York racontent comment ils vivent au jour le jour. Portrait révélateur d'une société clandestine. Accent placé sur l'aspect humain. Images rugueuses. Valeur ethnographique indéniable.
Le sujet de DARK DAYS a nourri l'inspiration de bien des écrivains, notamment de science-fiction, mais ce premier film de Marc Singer nous montre une situation bien réelle, à la fois terrible et fascinante. Tourné dans des conditions difficiles, le film baigne dans des images sombres et granuleuses. Pour réussir ce tour de force tant technique que sociologique, le jeune réalisateur d'origine britannique s'est lui-même installé pendant deux années dans le réseau souterrain de Manhattan. Il en résulte une oeuvre singulière, d'une valeur ethnographique indéniable, dressant un portrait révélateur d'une micro-société clandestine qui, somme toute, ne fonctionne pas si mal. L'équipe technique étant constituée de résidents du tunnel, Singer a ainsi su établir une grande complicité avec ses sujets, qui s'expriment très librement devant la caméra. Le réalisateur a d'ailleurs insisté sur l'aspect humain, cherchant à percer les drames qui se cachent derrière chaque individu et qui les ont poussés à vivre dans une telle marginalité. Mais comme dans LES GLANEURS ET LA GLANEUSE d'Agnès Varda, auquel ce film pourrait servir de complément naturel, le tout se clôt sur une note optimiste.
Texte : Jean Beaulieu