L’AVIS DE MEDIAFILM

Souvent dans les films hollywoodiens, le nombre de scénaristes au générique est inversement proportionnel à la réussite de l'oeuvre. Dans ce cas-ci, ils se sont mis à quatre pour adapter une pièce de Harry Segall pourtant déjà transposée deux fois à l'écran, dans HERE COMES MR. JORDAN en 1941 et dans HEAVEN CAN WAIT en 1978. Si le prétexte fantaisiste parvenait à séduire dans ces deux oeuvres malgré l'aspect un peu naïf de l'entreprise, le même sujet laisse plutôt pantois dans ce film-ci, puisque les scénaristes n'ont pas réussi à rendre crédible l'échange de corps. Chris Rock, un jeune comique noir au talent certain, peut déployer toute l'énergie qu'il veut, il ne parvient pas à convaincre lorsque son personnage se retrouve dans le corps d'un vieil homme blanc, qui plus est lorsqu'il se met à faire la cour à une jeune Noire! L'édifice comique s'écroule sous le poids de cet artifice qui défie toute logique et qui fait fi de toute vraisemblance socio-politique. De surcroît, la mise en scène est d'une consternante platitude, la photographie mièvre et le montage sans rythme. Les interprètes jouent de façon quelconque des personnages fades placés dans des situations stéréotypées.

Texte : André Caron