Iran. 1998. Drame de moeurs de Samira Makhmalbaf avec Massoumeh Naderi, Zahra Naderi, Ghorban Ali Naderi. Une assistante sociale vient en aide à deux fillettes séquestrées pendant onze ans par leur vieux père et leur mère aveugle. Reconstitution tragicomique d'une situation peu banale avec les protagonistes réels du drame. Critique en filigrane du patriarcat. Style apparenté au néoréalisme. Mise en scène discrète.
Une assistante sociale vient en aide à deux fillettes séquestrées pendant onze ans par leur vieux père et leur mère aveugle. Reconstitution tragicomique d'une situation peu banale avec les protagonistes réels du drame. Critique en filigrane du patriarcat. Style apparenté au néoréalisme. Mise en scène discrète.
Âgée d'à peine dix-huit ans, la fille du célèbre cinéaste iranien Mohsen Makhmalbaf tourne son premier long métrage, empruntant la caméra de son père et filmant un scénario de ce dernier. Dans un style apparenté au néo-réalisme, très proche du documentaire et typique du cinéma persan de ces dix dernières années, la jeune réalisatrice reconstitue de façon tragicomique, à l'aide d'une mise en scène assez effacée, une situation familiale peu banale avec les protagonistes véritables du drame. En vue de contourner la censure plutôt sévère qui règne dans son pays, Samira Makhmalbaf livre une critique sociale en filigrane, notamment sur la condition des femmes dans une société fortement patriarcale, par le portrait-miroir de ces jeunes filles gardées prisonnières par un père qui les prive de leur liberté en voulant les surprotéger. Néanmoins, le personnage le plus inquiétant demeure celui de la mère aveugle, dont on ne voit jamais le visage et qui semble souvent animée d'une sourde colère. Le dénouement, symbolique comme plusieurs autres séquences du film, laisse toutefois les spectateurs sur une note d'espoir.
Texte : Jean Beaulieu