Fr. 2000. Drame historique de Patricia Mazuy avec Isabelle Huppert, Nina Meurisse, Morgane Moré. Une ancienne courtisane de Louis XIV qui dirige un institut modèle pour jeunes filles dérive peu à peu dans la folie. Portrait rugueux du milieu et de l'époque. Soin particulier apporté au langage et aux images. Traitement non académique. Présence imposante d'I. Huppert.
Une ancienne courtisane de Louis XIV qui dirige un institut modèle pour jeunes filles dérive peu à peu dans la folie. Portrait rugueux du milieu et de l'époque. Soin particulier apporté au langage et aux images. Traitement non académique. Présence imposante d'I. Huppert.
Patricia Mazuy n'en est qu'à son troisième long métrage en plus de dix ans, mais chacun de ses films véhicule une atmosphère trouble où rien n'est tout noir ni tout blanc. Traitant pour la première fois un sujet historique, la réalisatrice évite de tomber dans le piège de l'académisme (comme en témoigne notamment la musique originale de John Cale), quitte à sacrifier un peu de rigueur sur le plan historique. La première partie, la meilleure, laisse entrevoir tous les possibles, en suivant l'évolution du personnage principal, magistralement interprété par Isabelle Huppert, et des jeunes filles de son institut. La seconde partie, plus chaotique, décrit l'état psychique de la protagoniste, mais l'intrigue piétine, s'attardant davantage aux tribulations des deux pensionnaires introduites en début de film. Par contre, l'utilisation du patois normand du XVIIe siècle par les jeunes filles et le recours à des images aux couleurs désaturées contribuent à tracer un portrait rugueux du milieu et de l'époque, la boue et les marécages côtoyant la splendeur des parures et des décors. Détail historique significatif, la maison de Saint-Cyr fut transformée en école militaire sous Napoléon 1er.
Texte : Jean Beaulieu