All. 1999. Drame historique de Alexandre Sokourov avec Elena Rufanova, Leonid Mozgovoy, Leonid Sokol. Au printemps de 1942, Hitler passe une journée de repos auprès de sa maîtresse Eva Braun dans la forteresse de Berchtesgaden. Scénario dépouillé. Dialogues tirés d'archives historiques. Réalisation austère et fortement stylisée. Rythme lent. Interprétation appropriée.
Au printemps de 1942, Hitler passe une journée de repos auprès de sa maîtresse Eva Braun dans la forteresse de Berchtesgaden. Scénario dépouillé. Dialogues tirés d'archives historiques. Réalisation austère et fortement stylisée. Rythme lent. Interprétation appropriée.
Alexandre Sokourov a développé un univers visuel d'un grand raffinement et d'une profonde beauté, qui a trouvé son apogée dans le sublime MÈRE ET FILS (1997). Avec MOLOCH, le réalisateur russe poursuit ses recherches esthétiques en les appliquant à un projet audacieux, pour ne pas dire tabou, montrer la part d'humanité du tristement célèbre dictateur nazi. A travers ses interactions avec ses proches, mais surtout lorsqu'il est seul avec sa jeune maîtresse, Hitler est en effet dépeint comme un être hypocondriaque et obnubilé par le déclin de son enveloppe corporelle, en des termes souvent pathétiques et grotesques. Mais en même temps, Sokourov a tenté d'inscrire cette réalité triviale dans une ambiance fantômatique fortement stylisée, qui tente de recréer l'état d'esprit du dément mégalomane. Ainsi, les images baignent constamment dans des éclairages verdâtres et brumeux assez peu engageants, au sein de décors froids et austères. De plus, le scénario dépouillé, largement inspiré de dialogues tirés d'archives historiques, adopte un rythme délibérément lent. Il en résulte une expérience sensorielle et intellectuelle à la fois fascinante et agaçante pour le spectateur. Dans ce contexte, le jeu plutôt artificiel des interprètes apparaît tout à fait approprié.
Texte : Louis-Paul Rioux