L'avis de Mediafilm

L’Australien Justin Kurzel (NITRAM) nous fait remonter à l’origine de faits divers ayant secoué l’Amérique et qui a inspiré deux films en 1988: BETRAYED de Costa-Gavras et TALK RADIO d'Oliver Stone. À travers le parcours d’un jeune Texan néo-nazi, THE ORDER fait l'illustration glaçante du phénomème de la radicalisation dans l’Amérique profonde. L’influence du roman "The Turner Diaries", paru en 1978, est d’ailleurs bien mise en évidence dans le récit, où il apparaît comme le livre de chevet du protagoniste. Rappelons que ce manifeste extrémiste posait les bases d’une révolution nationaliste et anticipait déjà l’idée d’un assaut contre le Capitole. À partir de cette matière ardente et encore d’actualité, Kurzel signe un suspense anxiogène immersif et efficace: atmosphère suffocante, trame sonore enveloppante, caméra nerveuse. S'il captive par sa pertinence, le film pâtit d’une structure balisée sacrifiant l’effet de surprise à une progression très prévisible. Dans la peau du justicier désabusé, Jude Law (ROAD TO PERDITION, ENEMY AT THE GATES) livre une performance intense. Face à lui, Nicholas Hoult (JUROR #2) compose un fanatique implacable qui marque les mémoires.

Charles-Henri Ramond