Le Tableau volé

L'avis de Mediafilm

Avec ce film inspiré de la réapparition en 2004 des "Tournesols" d'Egon Schiele, Pascal Bonitzer (RIEN SUR ROBERT, CHERCHEZ HORTENSE) nous fait pénétrer dans le milieu du commerce de l'art par la grande porte. C'est là l'intention la plus saillante qui émerge de ce film atypique, ludique comme un film de Jacques Rivette (dont Bonitzer fut longtemps le scénariste), qui encapsule tous ses possibles dans un récit habilement aléatoire, dont chaque personnage aurait pu être le faisceau principal. Pourquoi donc l'élu (le commissaire-priseur, défendu par le très compétent Alex Lutz) est-il si transparent qu'on voit à travers lui? Et la stagiaire mythomane (l'excellente Louise Chevillotte, aperçue dans le récent UN SILENCE), si peu utile à l'intrigue en dépit de la place importante qu'elle occupe à l'avant-plan? LE TABLEAU VOLÉ est la somme assez captivante d'étranges partis pris narratifs que Bonitzer, à 78 ans, ne s'encombre pas de justifier. Ses choix esthétiques, cela dit, restent d'une grande précision, et sa direction d'acteurs, comme toujours impeccable.

Martin Bilodeau