Mex. 2024. Drame de Alonso Ruizpalacios avec Rooney Mara, Raul Briones, Oded Fehr. La première journée d'une jeune Mexicaine sans-papiers dans la cuisine surpeuplée de travailleurs immigrants d'un restaurant de Times Square. Expérience sensorielle et immersive puissante, inspirée de la pièce d'Arnold Wesker. Nombreux récits parallèles et croisés. Partis pris esthétiques courageux. Composition volcanique de Raul Briones.
La première journée d'une jeune Mexicaine sans-papiers dans la cuisine surpeuplée de travailleurs immigrants d'un restaurant de Times Square. Expérience sensorielle et immersive puissante, inspirée de la pièce d'Arnold Wesker. Nombreux récits parallèles et croisés. Partis pris esthétiques courageux. Composition volcanique de Raul Briones.
A priori, les partis pris esthétiques peuvent sembler rébarbatifs: noir et blanc tranchant, format d'image carré, son croissant/décroissant, tempo effréné, etc. C'est à se demander si le Mexicain Alonso Ruizpalacios (MUSEO) ne cherchait pas un moyen de corser le défi qu'il s'était lancé, soit celui, totalement réussi, d'offrir à partir de la pièce d'Arnold Wesker un spectacle de cinéma totalement immersif. En deux heures vingt minutes, et pas une de trop, il relève l'exploit de nous faire imaginer jusqu'aux odeurs de la cuisine-usine d'un restaurant de Times Square. Le contraste entre son théâtre de feu, au sous-sol, et la salle du restaurant, au rez-de-chaussée, est saisissant. Mais c'est surtout dans la "cocina" elle-même que les fossés culturels et sociaux sont les plus profonds. Le scénario chargé de récits parallèles et croisés s'étale sur fond de régime de terreur fondé sur la précarité des travailleurs. Tous les faisceaux du discours nuancé convergent vers le personnage de Pedro, prodigieux ennemi de lui-même défendu avec une force et une conviction volcaniques par Raul Briones. (Texte rédigé en février 2024, dans le cadre de la 74e Berlinale - Compétition)
Texte : Martin Bilodeau