All. 2023. Drame de Angela Schanelec avec Aliocha Schneider, Agathe Bonitzer, Marisha Triantafyllidou. Incarcéré à la suite d’un homicide involontaire, un jeune homme abandonné à la naissance s’éprend d'une gardienne de prison, qui devient la mère de ses enfants. Relecture radicale du mythe d’Oedipe. Récit elliptique et mutique. Travail sonore exigeant et poétique. Rigidité formelle parfois sévère. Jeu d’acteurs dépouillé.
Incarcéré à la suite d’un homicide involontaire, un jeune homme abandonné à la naissance s’éprend d'une gardienne de prison, qui devient la mère de ses enfants. Relecture radicale du mythe d’Oedipe. Récit elliptique et mutique. Travail sonore exigeant et poétique. Rigidité formelle parfois sévère. Jeu d’acteurs dépouillé.
Avec cette radicale relecture du mythe d’Oedipe, Angela Schanelec (J’ÉTAIS CHEZ MOI, MAIS…) signe un dixième film exigeant, opaque et poétique. Désirant échapper à l’analyse du spectateur tout en le poussant à questionner son propre regard sur l’image, la réalisatrice allemande travaille la temporalité, le rythme et le cadre de façon singulière. Des bruissements de feuilles du Péloponnèse au vacarme des rues de Berlin, de la beauté d’un chant angélique à la douleur d’un cri perçant, la cinéaste met de l’avant les sons comme autant d’éléments d’une énigme à percer; existentielle peut-être, insondable certainement. Libérée de toute convention narrative et baignant paradoxalement dans une rigidité formelle parfois sévère, la structure elliptique (qui pourrait en rebuter plus d’un) fait avancer un récit quasi mutique, dont la dimension mythologique apparaît peu évidente de prime abord. Livrant des prestations entièrement basées sur leur corps et leurs expressions, Aliocha Schneider et Agathe Bonitzer ramènent le jeu à une forme de dépouillement et de pureté, comme au théâtre. (Texte rédigé en octobre 2023, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma de Montréal)
Texte : Céline Gobert