L'avis de Mediafilm

Le parti pris du réalisme magique a ceci de périlleux qu'il exige une forte dose de liberté, de doigté, de transcendance, bref de magie, pour être réussi. Ce sont là tous les ingrédients qui manquent à ce long métrage plan-plan de la réalisatrice de MADELINE'S MADELINE et SHIRLEY, tiré du roman de Jandy Nelson (qui l'a elle-même adapté). Sur le thème du deuil à surmonter et de la voix à retrouver (ici le son de la clarinette), Josephine Decker a accouché d'un manuel de croissance personnelle imbibé d'une naïveté qui n'est plus de l'âge de l'héroïne. Les décors hyperréalistes artisanaux (nature luxuriante, chaumière de conte de fées), les lourds passages fantaisistes et les plans en plongées vertigineuses stimulent un scénario plutôt mince qui enchaîne les révélations mineures (et téléphonées) comme des grands coups de théâtre. Cherry Jones et Jason Segel font de leur mieux. Tandis que la jeune Grace Kaufman défend son personnage mal écrit, avec l'énergie vitale qui manque au reste du film.

Martin Bilodeau