L’AVIS DE MEDIAFILM

Par son recours inventif à l'animation en stopmotion et sa mise en scène soignée de séquences fantaisistes aux couleurs saturées, la Polonaise Agnieszka Smoczynska (THE LURE, FUGUE) a trouvé des équivalents visuels saisissants aux créations littéraires débridées des soeurs Gibbons. Mais bien que fascinant, son récit, tiré du livre de la journaliste Marjorie Wallace, aborde les dimensions psychologiques et sociales de manière plutôt sommaire. De fait, le film postule comme un fait acquis le mutisme volontaire des protagonistes, sans chercher à en explorer les causes profondes. Et dans la Grande-Bretagne de l'époque, difficile d'imaginer que ces filles afro-descendantes aient été si peu victimes de violence raciste. Du reste, alors que June et Jennifer Gibbons étaient jumelles identiques, la réalisatrice a choisi pour les incarner, tant enfants que jeunes adultes, deux duos d'actrices aux physiques sensiblement différents. Cette licence poétique s'avère toutefois payante, permettant au spectateur d'apprécier le jeu à la fois contrasté et complice des petites Leah Mondesir-Simmonds et Eva-Arianna Baxter, puis les performances puissantes de Letitia Wright et Tamara Lawrance.

Texte : Louis-Paul Rioux