L’AVIS DE MEDIAFILM

Le réalisateur allemand de JE SUIS KARL met en scène avec soin, voire un certain académisme, cette adaptation du roman de Robert Harris. Laquelle s'avère, hélas, laborieuse dans son déroulement, les éléments fictionnels, très convenus, s'intégrant de manière peu convaincante dans la passionnante trame historique. Des scènes de dispute entre le jeune secrétaire anglais et son épouse, du type "Ton travail passe toujours avant le bonheur de notre couple.", apparaissent, en effet, bien futiles quand l'avenir du monde libre est en jeu. Idem pour la conversion idéologique tardive du fonctionnaire allemand, vite expédiée dans une séquence tire-larmes très prévisible. Enfin, le volet espionnage du récit ne fonctionne jamais vraiment. Intense dans le drame de guerre 1917, George McKay joue ici toujours sur la même note, contrairement au moins connu Jannis Niewöhner, très nuancé dans le rôle du nerveux Paul. Jeremy Irons incarne pour sa part un Neville Chamberlain plus vrai que nature, tandis qu'Ulrich Matthes (Joseph Goebbels dans LA CHUTE) compose un étonnant et fascinant Hitler, toujours aussi sinistre et intimidant, mais inhabituellement émacié.

Texte : Louis-Paul Rioux