L'avis de Mediafilm

Dans cet impressionnant premier long métrage, auréolé de prix au festival de San Sebastian en 2020, la Géorgienne Dea Kulumbegashvili brosse un portrait de femme poignant, sur fond de dénonciation implacable du patriarcat. Avec un art consommé du plan séquence, le plus souvent en caméra fixe, la jeune cinéaste joue admirablement de la profondeur de champ et du hors champ. Le rythme mesuré, la symbolique religieuse et l'austérité du traitement, à la limite de l'hermétisme, font inévitablement penser au cinéma de Carlos Reygadas (ici producteur exécutif), surtout celui de la période LUMIÈRE SILENCIEUSE. Mais avec son discours féministe affirmé et sa manière très personnelle de filmer, Dea Kulumbegashvili trace sa propre voie, qu'il sera passionnant de suivre dans les prochaines années. En épouse aux rêves brisés et en mère à la croisée des chemins, Ia Sukhitashvili est formidable d'intériorité et de subtilité.

Louis-Paul Rioux