L'avis de Mediafilm

La première séquence annonce le désastre à venir: un recruteur bonimenteur, un père de famille naïf, une épouse compréhensive mais elle-même aux prises avec des patients difficiles, un adolescent qui sèche les cours, une fillette fragile. Avec SORRY WE MISSED YOU - titre à la fois déchirant et ironique - Ken Loach actualise son corpus, consacré aux épreuves des petites gens broyées par le système (RAINING STONES, IT'S A FREE WORLD..., I, DANIEL BLAKE, etc.), en menant une charge sentie contre les pièges de l'économie de partage. Pour le reste, le vénérable cinéaste laboure un terrain connu, sans véritable effort d'innovation: récit serré mais sans grande surprise, traitement réaliste sans effet de manche et direction d'acteurs privilégiant le naturel. Signalons à ce chapitre la performance étonnamment subtile et forte du jeune Rhys Stone dans le rôle du fils buté mais lucide. Un talent à surveiller de près. (Texte rédigé en mai 2019, dans le cadre du Festival de Cannes - Compétition officielle)

Louis-Paul Rioux