Pol. 2019. Drame biographique de Agnieszka Holland avec James Norton, Vanessa Kirby, Peter Sarsgaard. En 1933, le journaliste gallois Gareth Jones se rend en Ukraine, dans le but de documenter le génocide par la faim orchestré puis nié par le régime de Staline. Reconstitution plutôt satisfaisante du parcours d'un Cassandre un peu oublié du XXe siècle. Bon sens du cadrage. Cadence de cours magistral. Distribution correcte. Forte composition de P. Sarsgaard.
En 1933, le journaliste gallois Gareth Jones se rend en Ukraine, dans le but de documenter le génocide par la faim orchestré puis nié par le régime de Staline. Reconstitution plutôt satisfaisante du parcours d'un Cassandre un peu oublié du XXe siècle. Bon sens du cadrage. Cadence de cours magistral. Distribution correcte. Forte composition de P. Sarsgaard.
Dans la plus pure tradition du film en costumes britannique, la Polonaise Agnieszka Holland (AMÈRE RÉCOLTE, EUROPA EUROPA), raconte ici l'histoire vraie d'un Cassandre un peu oublié du XXe siècle. Dans la première partie du film, campée à Londres puis à Moscou, la cinéaste met à profit son sens du cadrage et du clair-obscur, avec une sophistication qui frise la coquetterie. L'épisode qui suit, dans une Ukraine enneigée, révèle son intention de créer un contraste fort dans l'imagination du spectateur. Finis les lambris et velours, place aux plans d'ensemble illustrant, dans un quasi noir et blanc, des champs jonchés de cadavres et des populations qu'on assassine debout par la faim. À cet égard, la scène montrant Jones pelant une orange dans un convoi d'affamés ne manque pas de force. On regrette toutefois que la réalisatrice de 70 ans manufacture en série les scènes de dialogues et donne à son film la cadence d'un cours magistral. Au sein d'une distribution correcte en service commandé, le suave Peter Sarsgaard se distingue en journaliste acheté par les propagandistes staliniens. (Texte rédigé en février 2019, dans le cadre du Festival de Berlin - Compétition officielle)
Texte : Martin Bilodeau