L’AVIS DE MEDIAFILM

Matthew Heineman applique à son premier film de fiction le style sur le vif de ses acclamés documentaires CARTEL LAND et CITY OF GHOSTS. Du coup, son portrait d'une battante au franc-parler, prête à tout pour témoigner des horreurs du monde, gagne en authenticité. En revanche, les séquences qui lient les divers épisodes sur le terrain apparaissent plus bâclées, surtout en ce qui a trait à la vie amoureuse de Marie Colvin. D'autre part, de grands pans de l'impressionnante carrière de cette dernière sont escamotés, sans toutefois nuire à la compréhension générale du récit, inspiré d'un article paru dans le magazine Vanity Fair. Les blessures physiques et mentales de la protagoniste sont par ailleurs illustrées avec force, à travers la prestation entière et nuancée de Rosamund Pike (GONE GIRL), qui s'est approprié la voix grave, l'accent new-yorkais populaire et les attitudes corporelles caractéristiques de son modèle, sans une once de vulgarité ou de maniérisme.

Texte : Louis-Paul Rioux