L'avis de Mediafilm

La ressemblance physique de Marie Baumer avec la regrettée Romy Schneider est sans doute la composante la plus extraordinaire de ce fascinant huis clos en noir et blanc signé Emily Atef (l'inédit TUE-MOI). Pas que le reste soit négligeable, loin s'en faut. La distribution est impeccable et le scénario, abstraction faite d'un dernier acte plus faible, tient bien la route. Mais il est difficile de se détacher du visage de Baumer (filmé nerveusement, caméra à l'épaule), tant il rappelle la vulnérabilité et la souffrance de Schneider. Fascinante, la première partie du film encapsule en deux ou trois courtes scènes l'état d'esprit de la muse de Claude Sautet, le début de l'entrevue évoquant par ailleurs sa vie d'enfant-star et sa relation acrimonieuse avec la presse allemande et autrichienne, qui a vu dans son exil en France une forme de traîtrise. L'interview, on le comprend plus tard, donne l'occasion à l'actrice d'enclencher un suicide professionnel, comme un prélude à celui, bien réel, qui allait l'emporter un an plus tard. Confidence ou manipulation, le doute persiste, à l'avantage du film, plein d'ambiguïtés et de vérités déguisées. (Texte rédigé en février 2018, dans le cadre du Festival de Berlin)

Martin Bilodeau