L’AVIS DE MEDIAFILM

Xavier Beauvois (LE PETIT LIEUTENANT, DES HOMMES ET DES DIEUX) rajoute une perle à son collier avec cette adaptation sensible d'un roman d'Ernest Pérochon paru en 1924. La manière, disons-le, pourra sembler rébarbative. Le cinéaste, en effet, rythme son récit sur le temps tel qu'il se vivait autrefois: en phase avec le cycle des astres et des saisons. Le film demande donc au spectateur une patience inhabituelle, ainsi qu'une attention aux détails. Visiblement inspiré par l'imagerie paysanne des toiles de Millet, Beauvois privilégie les plans d'ensemble, magnifiés par la musique de Michel Legrand. Ici encore, les mouvements d'appareil subtils épousent le rythme d'une pensée qui, à l'époque du récit, s'articulait autour du langage, non celui des images. En sous-texte, le film documente avec une légère ironie le progrès fulgurant de la machinerie agricole durant la guerre. Réunies pour la première fois à l'écran, Nathalie Baye et sa fille Laura Smet sont excellentes. Mais par sa composition en retenue et son regard expressif, la nouvelle venue Iris Bry bouleverse davantage. (Texte rédigé en septembre 2017, dans le cadre du Festival international du film de Toronto)

Texte : Martin Bilodeau