Roum. 2016. Comédie dramatique de Cristi Puiu avec Mimi Branescu, Judith State, Bogdan Dumitrache. Rassemblés afin de participer à un rituel en mémoire d'un disparu, les membres d'une grande famille donnent libre cours à leurs rancoeurs. Tableau familial et social d'une grande vivacité. Sujet de portée universelle. Quelques baisses de régime. Partis pris formels audacieux et maîtrisés. Interprétation juste. (sortie en salle: 13 janvier 2017)
Rassemblés afin de participer à un rituel en mémoire d'un disparu, les membres d'une grande famille donnent libre cours à leurs rancoeurs. Tableau familial et social d'une grande vivacité. Sujet de portée universelle. Quelques baisses de régime. Partis pris formels audacieux et maîtrisés. Interprétation juste. (sortie en salle: 13 janvier 2017)
Unité de lieu, à peu de choses près. Récit en temps réel, abstraction faite de deux ou trois ellipses. Le Roumain Cristi Puiu (les inédits AURORA et THREE EXERCISES OF INTERPRETATION) s'est lancé tout un défi. Il le relève avec brio dans un brillant film-fleuve, sorte d'état des lieux de son pays, 17 ans après la chute du régime Ceaucescu. Pour l'usage habile qu'il fait du plan-séquence et la profondeur du tableau de société, son SIERANEVADA rappelle 4 MOIS 3 SEMAINES 2 JOURS, du compatriote Cristian Mungiu. Le sujet et le parti pris minimaliste évoquent également FÊTE DE FAMILLE, de Thomas Vinterberg. L'absence d'intrigue, jumelée à la largeur de la galerie (tous les acteurs sont justes), sème parfois la confusion (qui est fils et fille de qui?) et occasionne aussi quelques baisses de régime. Mais on retient avant tout la vigueur de la réflexion sur l'héritage des péchés et des hypocrisies, et la difficulté de voir l'avenir quand le passé n'est pas pleinement assumé. Le sujet a beau être profondément roumain, la leçon prodiguée est résolument universelle. (Texte rédigé en mai 2016, dans le cadre du Festival de Cannes - Sélection officielle, compétition)
Texte : Martin Bilodeau