L'avis de Mediafilm

Dopé aux hormones d'adolescents en pleine découverte de leur sexualité, ce 21e long métrage d'André Téchiné rappelle, à cet égard du moins, LES ROSEAUX SAUVAGES. À la différence qu'ici, on sent davantage le sens du devoir bien fait que les transports du coeur ou l'appel de l'inspiration, ressources que le cinéaste déploie en provisions limitées depuis LES VOLEURS, en 1996. Éternel amoureux de personnages taillés dans le réel, le cinéaste donne à Sandrine Kiberlain l'occasion de mordre dans d'excellents dialogues, gracieuseté de sa coscénariste Céline Sciamma (TOMBOY, BANDE DE FILLES). Téchiné brosse également avec sensibilité le portrait de deux adolescents touchants et vrais, qui se cherchent sans le savoir, et se découvrent l'un dans l'autre. Le troisième acte, marqué par un retournement annoncé, affaiblit l'ensemble, mais le récit conserve sa pulsation, celle du rythme des saisons. Pareillement, le relief accidenté du paysage, toujours filmé à hauteur d'homme, renvoie aux deux adolescents le reflet de leur propre nature indomptable. (Texte rédigé en février 2016, dans le cadre du Festival de Berlin)

Martin Bilodeau